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Photo du rédacteurClément

Le château d'Apremont, un château de la Loire en Vendée

Dernière mise à jour : 25 mars 2020


Nous sommes en 1534, au cœur du Bas-Poitou, dans la forteresse d'Apremont. Le seigneur des lieux décide d'entamer de grands travaux, et de faire de ces quelques murs bâtis à partir du XIè siècle un véritable castel renaissance digne des plus grands châteaux de la Loire.

Histoire du château

Philippe Chabot, Amiral de France

Et pour cause, il s'agit de Philippe Chabot de Brion, Amiral de France et ami d'enfance du roi François Ier. Et Chabot voit grand pour sa baronnie: il veut canaliser la Vie, qui traverse la région d'est en ouest, et faire d'Apremont un port ouvert droit sur l'Atlantique !

Il faut dire qu'Apremont a tout pour plaire. La place est occupée dès l'Antiquité, par les Gaulois d'abord, puis par les Romains, qui la nomme a juste titre Asper Mons, l’Âpre Montagne. Il semble qu'Apremont constitue alors un port fluvial, permettant aux navires de remonter la Vie pour ensuite envoyer leur chargement vers le Bocage et les camps romains (le Mont des Alouettes et le Puy du Fou). La cité est en effet très intéressante : elle repose sur deux éperons rocheux dominant la Vie et est très facilement défendable. Dès 1090, Raoul d'Apremont fortifie le site. Par les liens de la successions, la baronnie passe aux Chabot, et donc à notre Amiral de France. Mais le rêve de Philippe Chabot n'aboutira pas et son amitié avec le roi ne le sauve pas de la disgrâce en 1542 ; rappelé, il doit échanger ses terres avec noble breton.

Le château à la Renaissance (maquette dans la chapelle)

Le château d'Apremont passe alors à Jean de Brosse comte de Penthièvre (Côte d'Armor), qui fait d'Apremont un lieu de fêtes en l'honneur de sa femme Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes et favorite de François Ier. Mais faute d'héritier, c'est la famille de La Trémoille, l'une des riches familles poitevines, qui hérite d'Apremont, qu'elle garde jusqu'au milieu du XVIIè siècle. Le château est ensuite vendu et passe de main en main. En 1733, le baron d'Apremont Anna Sigismond de Montmorency-Luxembourg, duc de Bouteville, décide de faire raser le château, trop vétuste et trop cher à entretenir. Une partie des pierres sert alors à la construction du pont de Pirmil à Nantes.

Entre temps, Apremont a été l'un des plus prestigieux châteaux de son époque, rivalisant en festoiries avec les châteaux de la Loire ! L'apogée est atteint en 1622 : Louis XIII est en campagne en Bas-Poitou contre le duc de Soubise, prince protestant. Après sa victoire de Riez, le roi se repose à Apremont la nuit du 17 au 18 avril, et assite à un Te Deum dans l'église de la baronnie.

Le château aujourd'hui

Aujourd'hui le château d'Apremont est propriété de la ville et est protégé au titre des Monuments Historiques. Mais il n'est plus le lieu fastueux qu'il fut au XVIIè siècle. Le logis a été détruit pour servir de carrière de pierres au XVIIIè, les courtines sont bien présentes mais elles ont perdu de leur superbe. Reste que les deux tours, pièces maîtresses du château, sont toujours debout et jouent parfaitement leur rôle : impressionner le visiteur.

La tour est et la chapelle vues depuis le parvis de l'église XIXè
Le visiteur découvre le château par l'arrière, en entrant dans un grand parc
La vue que découvraient les invités en sortant de la voûte cavalière
L'intérieur n'est malheureusement pas aussi bien conservé que l'extérieur. Encadrement d'une porte au 1er étage de la tour est.

La visite

La visite du château commence par le porche, point d'entrée obligatoire pour toute forteresse, encadré par deux tourelles dotées d'archères canonnières. Celui d'Apremont est un vestige des remparts médiévaux et plonge le visiteur dans l'ambiance avec une présentation audio rapide de l'historique du site. On est ensuite plongés dans le parc, devant les deux imposantes tours du castel renaissance. À l'est, juste à côté de la tour, on pénètre dans la chapelle, qui présente l'histoire du lieu et le Rouleau d'Apremont : commandé par Chabot, le parchemin représente le cours de la rivière Vie de Saint Gilles à Apremont, et fourmille de détails sur le projet de canalisation de l'Amiral.

Détail du Rouleau d'Apremont (copie) qui détaille le projet de Chabot pour canaliser la Vie, 1542 (original à la BNF)
Charpente de la tour est

On entre ensuite dans la tour est, la seule qui se visite. L'extérieur en est impressionnat : 40m de haut, 11,30m de diamètre, cinq étages avec fenêtres à meneaux, et même douze canonnières (Chabot voulait impressionner mais aussi pouvoir défendre son port). Malheureusement, l'intérieur est bien maigre. Les différents étages, au fil desquels découle un audio sur Chabot et le château, ne sont pas meublés et sont bien vides. Pis, l'escalier en bois mériterait fortement d'être restauré. Mais la tour a tout de même un très gros point fort : sa superbe charpente et la vue sublime sur la vallée de la Vie et sur la petite cité d'Apremont qu'offre le balcon, perché à 40m de haut !

Descendus de ce perchoir, on rejoint la terrasse, qui domine la Vie. C'est là que se trouve la partie la plus curieuse du château : la voûte cavalière. Il s'agit de l'entrée principale du château, située sous la tour ouest. Haute de 6m, elle est suffisamment large pour laisser passer quatre chevaux de front. Sa taille et sa voûte en berceau font de ce passage l'une des entrées cavalières les plus impressionnantes d'Europe.

La voûte cavalière, entrée du château à la Renaissance

Après la traversée de ce tunnel, direction la partie ouest du château. On peut encore y admirer les derniers vestiges des courtines médiévales (XIIIè - XIVè siècles), presque intacts. La visite se termine par le parc du château. On retrouve un puits, des granges, mais aussi un souterrain glaciaire d'une vingtaine de mètres de long qui permettait de garder les aliments (plus ou moins) frais), ainsi qu'une poterne le long de la chapelle, qui rejoint la cité.

Une fois sorti de l'enceinte du château, on peut se balader dans Apremont, labellisé Petite Cité de Caractère, et parcourir les petites ruelles qui rejoignent l'église du XIXè siècle. Pour finir la journée en beauté, on peut rejoindre les bords du lac d'Apremont, situé juste derrière la colline de l'église, ou bien descendre la Vie en longeant le château.


Bref, une visite agréable dans un cadre superbe, avec un accueil très chaleureux. Seul petit point noir : l'état bien triste des intérieurs qui détonne avec les extérieurs richement décorés. En Vendée, Apremont fait figure d'exception puisqu’il s'agit d'un des seuls châteaux Renaissance du département, aux côtés de Terre-Neuve (Fontenay-le-Comte), des Granges-Cathus (Talmont Saint-Hilaire) et du Puy du Fou.


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