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Les églises fortifiées en Vendée

Dernière mise à jour : 25 mars 2020


Lorsque l'on évoque les fortifications médiévales, on pense généralement aux château-forts. Mais il existe également d'autres monuments fortifiés : les églises. Les combats de la guerre de Cent Ans n'ont pas épargné le Poitou (Vendée, Deux-Sèvres, Vienne), et plusieurs raids anglais ravagèrent la région. Par ailleurs, les conflits anciens opposant les nobles locaux (notamment les familles de Lusignan et de Parthenay) maintenaient le Poitou sous la coupe des troupes militaires. Certes il existe à cette époque de nombreuses places fortifiées en Bas-Poitou (grosso modo la Vendée, le Bressuirais et le Thouarsais), dont certaines de grande importance : Tiffauges, Pouzauges, Talmond, Sigournais, Bazoges, La Garnache, Fontenay, Montaigu, Vouvant, etc. Mais de vastes espaces entre ces places ne sont pas protégés, et les habitants doivent parcourir plusieurs kilomètres pour se mettre à l'abri. C'est pour cette raison qu'ils commencèrent à fortifier leurs églises, présentent partout sur le territoire et facilement accessibles en cas de menace.

Il existe encore plusieurs églises fortifiées en Vendée, en partie ou entièrement. Petit tour d'horizon de certaines de ces églises fortifiées, principalement celles du Bocage (cette liste n'est bien sûr pas exhaustive et se veut avant tout une invitation à la découverte de ce patrimoine méconnu).

Archères, mâchicoulis, canonnières : architecture des églises fortifiées

Les églises fortifiées sont totalement indépendantes d'autres ensembles de fortification (murailles d'une ville, château-fort). Elles datent pour la plupart du XVè siècle, les troubles de la guerre de Cent Ans conduisant à leur aménagement. La principale manifestation de cette fortification est l'ajout d'un parapet crénelé, souvent plus symbolique que réellement efficace : le seigneur affirme sa puissance en munissant une église sous son contrôle d'éléments rappelant le château-fort et les privilèges seigneuriaux. Aussi, la population bénéficie normalement de la protection du droit d'asile dans n'importe quelle église, droit que les Chrétiens se doivent de respecter. L'utilité des fortifications sur les églises est en fait limitée : une armée ennemie organisée et qui ne respecte pas le droit d'asile n'aura aucun mal à prendre d'assaut le bâtiment, même sans engin de siège. En fait, l'église fortifiée répond plus à une demande de protection contre les bandes pillant et vivant sur le pays que contre les armées étrangères.


Saint-Pierre du Boupère

L'église Saint-Pierre est l'église paroissiale du Boupère, au nord-est de la Vendée, dans le Bocage. La première pierre a été posée au début du XIIè siècle. C'est la guerre de Cent Ans qui a contraint les paroissiens à fortifier leur église. La façade occidentale se dote de deux contreforts massifs percés d'archères, le tout surmonté par un chemin de ronde sur mâchicoulis complètement fermé, dominant le parvis d'une vingtaine de mètres de hauteur. Le mur sud est percé de niches destinées à abriter des tireurs et est ponctué de nouveaux contreforts pour supporter le chemin de ronde. Cet élargissement de la nef conduit à déplacer la porte principale, centrée sur la façade, mais l'oculus qui la surmonte reste à sa place et est donc encore décalé aujourd'hui. De petits mâchicoulis ont également été ajoutés sur les murs nord et sud de la nef. Toutes ses modifications font de Saint-Pierre du Boupère le plus bel exemple d'église fortifiée du département de la Vendée.


Les autres églises fortifiées

De très nombreuses autres églises vendéennes présentent des traces de fortifications :

  • Saint-Pierre de Cheffois (XIIIè siècle), monumentale église rectangulaire, arbore encore des archères et des meurtrières, ainsi que quelques mâchicoulis au sommet de ses contreforts, tout comme Notre-Dame de Réaumur et Notre-Dame de l'Assomption de La Réorthe.

Église Saint-Pierre de Cheffois (façade nord)

Église Notre-Dame de Réaumur (chevet et façade sud)
  • Saint-Nicolas de la Chaize-le-Vicomte (XIè siècle), outre sa taille monumentale et sa superbe nef aux chapiteaux sculptés, présente une échauguette à mâchicoulis à l'angle nord-ouest.

  • Saint-Besnoit de Saint-Besnoit-sur-Mer (XIè siècle) présente elle aussi des contreforts à meurtrières, notamment deux en encadrement de la façade occidentale.

  • Saint-Hilaire de Mouilleron-en-Pareds (XIè – XVè siècles) présente sur sa face nord, la seule qui a échappée aux restaurations du XIXè, de nombreuses archères. Son clocher était également fortifié, on remarque encore les corbeaux des mâchicoulis et les traces d'échauguettes.

  • Notre-Dame de l'Assomption de Thouarsais présente un clocher particulier, qui peut facilement être confondu (de loin) avec un donjon. Au XIVè siècle, l'église n'était que la chapelle du château-fort, on ne peut donc pas vraiment la considérer comme une église fortifiée. La tour crénelée dont le sommet repose sur des mâchicoulis aurait servi de tour de guet lors des guerres de Religion, mais elle a été entièrement restaurée au XIXè.


Les abbayes fortifiées

Parmi les grandes abbayes vendéennes, deux présentent des traces de fortifications. Notre-Dame de la Grainetière, fondée dans le Bocage en 1130, offre aux étrangers de puissants murs, dominés au sud-est par la « tour de l'abbé », logement de fonction de l'abbé du monastère aux allures tour de guet qui porte au nord plusieurs archères et canonnières.

L'abbaye-cathédrale Saint-Pierre de Maillezais (le monastère étant en ruine, le titre d'évêque de Maillezais n'est plus aujourd'hui qu'un titre honorifique), s'est elle aussi dotée au cours de son histoire de fortifications. L'échauguette qui marque l'angle sud-est, l'ancien porche du donjon roman qui a précédé le monastère, la façade occidentale du monument qui présente des traces de mâchicoulis et le château XVIIè entouré de fossés à l'est du monastère en sont des exemples.

Ruines de l'abbatiale-cathédrale Saint-Pierre


Il existe de nombreuses autres églises fortifiées en Vendée et partout en France (la Picardie par exemple en compte plus de soixante), et cette liste n'est bien sûr pas exhaustive. Elle se veut avant tout un moyen de faire connaître se patrimoine, méconnu des Vendéens eux-mêmes, et une invitation à la découverte de ces églises.


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