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Photo du rédacteurClément

Mouilleron-en-Pareds, un village du Bocage

Dernière mise à jour : 25 mars 2020


Le 8 juillet 2018, Mouilleron accueillait le départ de la 2ème étape du Tour de France et le village s'était décoré pour l'occasion

Georges Clemenceau et Jean de Lattre de Tassigny... Le premier signe le Traité de Versailles en 1919 après avoir mené la France à la victoire, le second est à Berlin le 8 mai 1945 pour recevoir la capitulation allemande. Le hasard de l'Histoire a voulu que ces deux grands hommes soient nés dans le même village, Mouilleron-en-Pareds, au sud du Bocage vendéen. Et puisque le hasard fait bien les choses, Mouilleron a également vu naître l'astronome Charles-Louis Largeteau, « créateur » du méridien de Greenwich, ou encore Dorina Monod, mère du naturaliste et académicien des sciences Théodore Monod. Patrie d'Illustres donc que cette modeste bourgade de 2000 habitants qui a su conservé nombre de traces de son histoire.


Un bourg commercial

Mouilleron, dont le nom dérive de « mollero », la source, semble avoir été occupée dès l'époque romaine. Mais c'est à partir du XVè siècle que le bourg prend son essor. Une première église existe en 1056, date à laquelle Thibaut Luneau, seigneur de Bazoges, en fait don aux moines de Maillezais. Un espace fortifié existait peut être autour de l'édifice comme le dit la tradition, mais rien ne vient le confirmer. Tout au long du Moyen-Âge, Mouilleron n'est qu'un village comme tant d'autres, seul le passage du roi d'Angleterre Jean Sans Terre en 1202 rompt les habitudes.

La fontaine classique et son lavoir XVIIIè, symboles de l'opulence de Mouilleron

C'est vraiment au XVè siècle que Mouilleron se développe. Les tisserands y élisent domicile et les échanges se multiplient. Des marchands rochellais et navarrais se font construire des hôtels particuliers autour de l'église et les foires se développent. Le tissu produit à Mouilleron est de qualité médiocre, mais il s'exporte bien vers la Nouvelle-France à partir du port de La Rochelle. C'est d'ailleurs de cette ville qu'arrive en Poitou la « Religion Prétendue Réformée ».

Dès 1554 l'église de Mouilleron est prise d'assaut et pillée par les Protestants, qui l'occupent entièrement à partir de 1555. L'édit de Nantes de 1598 ramène le calme et, en 1605, les Réformés peuvent se construire un temple. L'interdiction du protestantisme signée par Louis XIV en 1665 remet cet équilibre en cause : les protestants doivent détruire leur lieu de culte. Cela n'empêche en rien le développement de l’Église Réformée, et Mouilleron est condamnée, avec 10 autres paroisses, à 2 000 livres d'amende à cause du nombre important de Protestants qui s'y trouve.

Malgré les troubles, le village reste prospère tout au long des XVIIè et XVIIIè siècles. Surviennent alors les événements de 1789, puis les premiers combats des Guerres de Vendée. Située à l'extrême sud de la Vendée Militaire, Mouilleron est partagée et change plusieurs fois de mains. Des « chouans » y séviront jusqu'en 1802.


L'église Saint-Hilaire

Mentionnée dès 1056, l'église de Mouilleron-en-Pareds, patronnée par Saint-Hilaire, traduit l'histoire mouvementée du village. Il ne reste presque rien du premier édifice roman, si ce n'est son portail, un départ de nef aujourd'hui incrusté dans le mur d'une maison bourgeoise du XIXè située face au parvis, la base du clocher et quelques pans du mur nord. Le clocher de l'église a été entièrement remanié au XVè : la guerre de Cent Ans contraint nombre de paroissiens à fortifier leurs églises pour se protéger. Il a conservé quelques traces de ces fortifications : des archères dans ses contreforts nord, des bases d’échauguettes et des mâchicoulis en son sommet. Le XVè voit aussi le percement d'une grande baie dans le mur du clocher, et l'ajout de trois travées gothiques à l'est du clocher qui se trouve alors au milieu de l'édifice.


Le clocher du XVè garde les traces de ses fortifications (face nord)

Occupée par les Protestants de 1555 à 1598, l'église sort des guerres de Religion en piteux état. Les deux nefs ont perdu leurs trois travées occidentales et le clocher se retrouve ainsi à l'entrée de l'église. Les Guerres de Vendée rajoutent encore des destructions, l'église perdant sa cloche et tout son mobilier mais échappant aux Colonnes Infernales. C'est notamment à l'abbé Basile Bonnet, curé de Mouilleron, que l'on doit les travaux ayant mené à l'édifice actuel. Entre 1856 et 1900, l'église se dote de nouveaux vitraux, d'une troisième nef au sud, d'une crypte, d'une grande abside abritant le chœur et de deux absidioles abritant des chapelles.

Signalons enfin plusieurs curiosités de cette église. Son orgue installé en 1867, domine l'entrée de l'édifice. Deux vitraux méritent un coup d’œil : celui à gauche de l'orgue est l'un des rares vitraux vendéen représentant l'enfer des tranchées ; le vitrail de la chapelle de la Vierge présente le curé Bonnet en compagnie de Mlle Lucille Barillon, immortalisée par Clemenceau dans sa nouvelle Mademoiselle Stéphanie. Surtout, l'église Saint-Hilaire compte l'un des plus importants carillons ruraux de France : les treize cloches, installées en 1853, piochent chaque jour à midi dans un répertoire de plus de cent chansons populaires, allant de « Frère Jacques » au « Chant des Partisans ».



La chapelle des Ursulines

En dehors de l'église, Mouilleron-en-Pareds dispose d'un patrimoine varié. Le temple, construit dans les années 1820-1830 et qui a vu se marier Benjamin Clemenceau et Emma Gautreau, parent du Tigre Georges Clemenceau. En plus du temple et de l'église il existe à Mouilleron une petite chapelle, vestige d'une école tenue par les Ursulines. Plus bas dans le bourg, une petite fontaine de style classique et un lavoir du XVIIIè siècle marquent le passé opulent du village. Le domaine Saint-Sauveur est un immense complexe qui a longtemps abrité un séminaire tenu par les pères de Chavagnes-en-Paillers ; il est aujourd'hui un centre d'accueil pour les scolaires en voyage dans le Pays de la Châtaigneraie.

Clemenceau immortalisé sur la colline où il aimait tant se balader

L'on ne peut visiter Mouilleron sans aller randonner sur la Colline des Moulins. Cette masse granitique, l'un des derniers contreforts du massif armoricain, est un paradis pour les marcheurs et les VTTistes. Outre les huit moulins plus ou moins conservés qui la dominent, on y trouve une chapelle en forme de moulin, consacrée en 1952 à la mémoire de Jean et Bernard de Lattre de Tassigny.

Les Illustres : Clemenceau & De Lattre de Tassigny

« Il y a trois choses que vous redoutez : sa plume, son épée, sa langue. Moi je les nomme et je les braves tous : c'est Clemenceau ! » Paul Déroulède


« La France lui a donné le plus grand honneur que puisse recevoir un Français. L'Histoire fera mieux : elle inscrira le nom du Maréchal Jean de Lattre de Tassigny dans le petit nombre de ceux qui ont bien mérité de la Patrie » Édouard Herriot, Président de l'Assemblée Nationale



À elle deux, ces citations marquent le rôle joué par deux mouilleronais dans l'histoire de France. Georges Clemenceau (Mouilleron-en-Pareds 1841 – Paris 1929), maire de Montmartre en 1870, député pendant un quart de siècle, sénateur du Var, deux fois Président du Conseil (1906-1909 et 1917-1918), surnommé le « Tigre », le « Tombeur de ministères », ou encore le « Père la Victoire », il est l'un des pères de la IIIè République française. Si sa carrière politique l'a amené dans les plus hautes sphères du gouvernement, il n'a jamais oublié sa Vendée natale et il revenait régulièrement à Mouilleron.



Quant à Jean de Lattre de Tassigny (Mouilleron-en-Pareds 1889 – Neuilly-sur-Seine 1952), il est l'un des artisans de la victoire alliée de 1945. Saint-Cyrien passé par la cavalerie de Saumur, il est sous-lieutenant de dragons en 1914. Quatre ans plus tard, à 29 ans, il est officier de la Légion d'Honneur et est décoré de la Military Cross, plus haute distinction britannique. Au Maroc pendant toute la guerre du Rif (1921-1926), il est propulsé commandant en chef de la région militaire de Taza alors même qu'il n'est que capitaine et n'a pas 35 ans ! Plus jeune général de France en 1939, il s'illustre pendant la campagne de mai-juin 1940 puis choisi de rester au service de Vichy mais refuse d'obéir et de ravitailler des soldats allemands en Tunisie. En novembre 1942, lors de l'invasion de la zone libre par les Allemands, il refuse de se laisser capturer comme l'ordonne Pétain et ordonne à ses hommes de résister. Arrêté, il est condamné à 10 ans de prison pour « abandon de poste » mais s'évade dès septembre 1943 et rejoint le général De Gaulle à Alger. De Lattre est alors promu général d'Armée et se retrouve à la tête du débarquement de Provence (15-16 août 1944). Libérateur de Marseille, Toulon, Lyon, Dijon et Colmar, il est le premier général allié à franchir le Rhin et fonce sur le Danube. Le 8 mai 1945, il est à Berlin pour recevoir la capitulation allemande. Commandant en chef de l'armée française puis Commandant en chef des Armées terrestres de l'Europe Occidentale (ancêtre de l'OTAN), de Lattre devient en 1950 Commandant en chef en Extrême-Orient où il doit rétablir la situation critique des armées françaises en Indochine. Ses diverses blessures de guerre, la fatigue, et surtout la mort au combat de son fils unique Bernard le 30 mai 1951 causent chez Jean de Lattre un cancer généralisé. Décédé le 11 janvier 1952, il a droit à trois obsèques nationales : à Notre-Dame de Paris, aux Invalides, à Saint-Hilaire de Mouilleron. Le 15 janvier 1952, le Général de Lattre de Tassigny, qui aligne déjà 39 décorations françaises et étrangères, est élevé à la dignité de Maréchal de France.


Aujourd'hui, les deux maisons natales de ces deux Illustres sont un musée. Celle du Maréchal de Lattre a conservé ses décors de maison bourgeoise du XIXè, quant à celle du Tigre, inaugurée en juin 2018 par Emmanuel Macron, elle est un musée du XXIè retraçant la vie de Georges Clemenceau. En plus de ces deux musées, des panneaux répartis autour de la place principale présente la carrière de Jean de Lattre. Ils devraient être rejoint en 2019 par du mobilier présentant les différents sites patrimoniaux de la commune.

Infos pratiques

Office du Tourisme de la Châtaigneraie

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