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Photo du rédacteurClément

Puybelliard : de baronnie à cité touristique

Dernière mise à jour : 25 mars 2020


L'église Saint-Pierre et Saint-Paul et la seule tour restante de la forteresse des vicomtes de Thouars

Petit village situé dans le bas-Bocage vendéen, Puybelliard ne compte que quelques centaines d'habitants et est depuis 1964 dépendant de la ville de Chantonnay (8300 habitants). Mais cela n'a pas toujours été ainsi, et Puybelliard fut au XVè siècle un important centre commercial. Entre forteresse vicomtale, abbaye bénédictine, foires et troubles religieux, Puybelliard a une histoire chargée et les vestiges en sont encore nombreux : de quoi passer un bel après-midi de découverte.


Une forteresse des vicomtes de Thouars

« De Podium Belliardi ». Voilà la première appellation connue de Puybelliard, au milieu du XIè siècle. Le mot « Podium », qui a dérivé en Puy, renvoie à l'idée d'une hauteur, d'une petite motte. Quant au « Belliardi », il fait sûrement référence à la première famille de seigneurs du lieu. Vers 1160, Geoffroy VI, vicomte de Thouars, commence à édifier la première fortification connue du lieu. Il séjourna pendant environ deux ans de cette forteresse, l'une de ses principales bases en Bas-Poitou. Mais faute de logements suffisants, seule une petite garnison fut maintenue à Puybelliard et le château est à l'abandon dès le XVè siècle. Au XVIè, les remparts sont détruits et les douves comblées. Seule la tour nord-ouest du château est conservée et devient la prison de la seigneurie. Encore aujourd'hui, la tour est le seul vestige du château des vicomtes de Thouars.


L'église Saint-Pierre et Saint-Paul

Sous la charpente XVIè, les départs de voûte rappellent le passé mouvementé de l'église

Aux XIè et XIIè siècles, l'église de Puybelliard n'est qu'une modeste chapelle castrale correspondant au transept nord de l'actuel monument. On y ajoute au XIIIè un chœur et une nef romane, ainsi que le clocher construit sur la chapelle originelle. Au XVè, le chœur menaçant de s'effondrer, on remplace le roman par le gothique. Le chevet est alors percé d'une grande baie flamboyante. Détruite pendant les guerres de Religion, pillée à la Révolution, l'église est aujourd'hui singulière : on remarque encore les départs des voûtes gothiques sous la charpente en bois du XVIè siècle, le tout côtoyant des vitraux des XIXè et XXè siècles, marquant l'histoire mouvementée du monument


Une bourgade commerciale

Les premières halles de Puybelliard sont construites au XVè siècle. Le bourg abrite alors d'importantes foires renommées dans tout le Poitou et au delà : des marchands de mules de Fuenterrabia, sur la frontière espagnole, viennent y vendre leurs bêtes. De nombreux marchands et fabricants de tissus avaient alors élus domicile à Puybelliard, où étaient fabriqués aussi bien des tissus de basse qualités comme les serges, que la ferrandine, étoffe de soie et de laine très prisée des nobles dames. Ces grandes foires perdirent de leur importance au XVIè siècle et finirent par disparaître totalement à la fin du XIXè.


L'« abbaye » de la Braudière

Dès le XIè siècle, les moines de Marmoutiers (près de Tours) installent un prieuré bénédictin à Puybelliard. Si l'on ne connaît pas son emplacement précis, on peut supposer qu'il était près du château. Les moines ont même demandé à plusieurs reprises à ce qu'un pont et une nouvelle porte soit construits pour franchir les douves et accéder facilement du monastère à l'église castrale. Demande restée étonnamment sans suite pendant 200 ans. Ce n'est qu'en 1267 que Marguerite de Thouars consent à leur construire un pont et une petite porte qu'ils devraient combler en cas de guerre. Après les guerres de Religion, un nouveau prieuré fut construit à la Braudière, au sud du bourg castrale. Il fut fermé au XVIIIè et ses bâtiments dispersés entre plusieurs propriétaires.


Le château Querqui

En 1745, Jacques-Auguste Querqui, écuyer seigneur du Châtelier, acquiert la terre de Mer Rouge à Puybelliard et s'y installe. L'un de ses fils mourra dans le camp vendéen à la bataille de Pont-Charron (mai 1793), et l'autre deviendra le premier maire de Puybelliard. C'est ce maire, Aimé-Auguste Querqui, qui achète l'ancien presbytère et y installe une école publique. Son petit-fils Eugène Querqui achète en 1855 une terre au nord du bourg et y fait construire l'actuel château de Puybelliard, superbe demeure XIXè.

Puybelliard aujourd'hui

Le parcours "De venelles en ruelles permet de découvrir le village

Rattaché à Chantonnay en 1964, Puybelliard conserve plusieurs témoins de son histoire. L'église, la tour du château, le château Querqui en sont les plus visibles. Notons également un « doué », terme patois pour désigner un lavoir, qui passe pour être le plus ancien de la région, une maison du centre-bourg construite au XVIè, brûlée à la Révolution et reconstruite dans un style basque, et plusieurs maisons gardant des traces de constructions renaissance dans les rues de la Venelle et des Remparts. Un parcours d'environ 1km, appelé « De venelles en ruelles » et comptant 14 stations, permet de découvrir le village et son histoire.


Le personnage : Marie-Antoinette Pétronile Adams, la « Chevalier Adams »

Intrigante personnalité que celle de Marie-Antoinette Adams. Domestique au château des marquis de Lespinay à Chantonnay, elle est prise en affection par ses maîtres qui la dotent lors de son mariage avec un marchand de Puybelliard dénommé Lainé. Le mariage tourne mal et Marie ne peut supporter ni son époux ni sa belle-mère. Lors des premiers événements de 1793, prémices des guerres de Vendée, M Lainé, républicain, s'enfuit vers la Rochelle. Marie en profite : elle s'habille en homme, s'arme et rejoint le camp des Vendéens près de L'Oie. Son arrivée remarquée et ses prouesses au combat (elle est de toutes les grandes batailles du printemps 1793) lui valent le surnom de « Chevalier Adams ». Rentrée à Puybelliard où elle se cache après la déroute de Cholet, elle est dénoncée, arrêtée et exécutée le 5 décembre 1793.

Outre ce personnage haut en couleur, Puybelliard a également donné naissance à Mgr Paillou, évêque de La Rochelle. Ce fut également là, depuis une maison donnant sur la place principale du village, que Jacques Béreau (vers 1535-1580) remplit ses devoirs de sénéchal de Puybelliard et de la Touche Amblard. Issu d'une modeste famille poitevine, frère d'un nobliau de Sigournais et cousins des seigneurs de Durchamps, Jacques Béreau est licencié ès-droit à l'université de Poitiers. Son manque d'argent ne lui permet pas de monter à la capitale où ses talents pourraient s'exercer, aussi est-il contraint de rester sénéchal d'une petite seigneurie sans grande importance. Mais le temps libre laissé par cette faible charge lui permet d'écrire. Jacques Béreau devient ainsi, à l'instar de son cousin Lancelot Voisin de la Popelinière ou encore de Ronsard, l'une des figures de la poésie française de la fin du XVIè siècle, s'inspirant beaucoup des rives du Lay qui coule autour des terres de sa famille ; ses Eglogues et autres œuvres poétiques, très en vogue à la cour d'Henri III, ont été republiées par M. Gautier en 1976.

Autour de Puybelliard : le manoir de Ponsay

Les deux porches XVè du manoir de Ponsay

Construit au XVè siècle, le manoir de Ponsay est un curieux mélange entre logis vendéen classique et manoir du XIXè. Son corps central, flanqué d'une tour carré et de l'ancien donjon rond, date de la fin du XVIIIè siècle. Pour relié ce corps de logis à la métairie attenante, deux superbes porches du XVè enjambent le chemin dit « de Charlemagne », reliant autrefois les châteaux de Sigournais et Chantonnay. Une fuie se trouve un peu à l'écart du logis principal. Construite vers 1591 si l'on en croit une inscription sur une porte, elle comporte 1963 boulins. Elle est flanquée des armoiries des Grignon et des Asseures, anciens seigneurs des lieux. Depuis maintenant 12 générations, Ponsay appartient aux Gorin de Ponsay, qui en ont fait une belle chambre d'hôtes. Des souterrains relient également Ponsay au manoir voisin de Dinchin, qui a lui aussi conservé une superbe fuie et quelques tourelles médiévales.

Façade nord du manoir de Ponsay. Le donjon remanié au XIXè côtoie la tour XVè et l'on remarque l'un des deux grands porches à droite

Infos pratiques :

Office de Tourisme de Chantonnay

Chambre d'hôtes de Ponsay


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2 Comments


Clément
Clément
May 13, 2019

En effet les baudets du Poitou étaient très réputés.

Quant aux souterrains, des dires d'une membre de la famille de Gorin de Ponsay, il semble bien qu'ils existent. D'après ce que j'ai entendu de divers locaux, ils relieraient les deux anciens logis de Ponsay et de Dinchin, situé à 200 mètres à vol d'oiseau, et permettaient tant la fuite que la communication. En revanche je n'y ai pas eu accès pour confirmer.

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Jacques Chvt
Jacques Chvt
May 13, 2019

Très bon article Juste deux remarques : - les marchands de mules de Fuenterrabia venaient dans notre région pour acheter les fameux baudets du Poitou, et non vendre leurs bêtes, me semble t-i. Ils ont laissé leur noms à l'hôtel Fontarabie de Fontenay. - "Des souterrains relient également Ponsay au manoir voisin de Dinchin" . Il y a beaucoup de légendes concernant des souterrains qui seraient des voies de communications entre deux sites. Le souterrain que vous évoquez est-il "certifié" ? :-)

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