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Photo du rédacteurClément

Talmont : le château de Richard Cœur de Lion

Dernière mise à jour : 25 mars 2020



Rendons-nous aujourd'hui à l'extrême ouest du Poitou, sur la côte Atlantique, dans la seigneurie de Talmont. Le château de Talmont, vieux de plus d'un millénaire, est l'une des plus anciennes et des plus grandes forteresses poitevine.

L'histoire de la forteresse de Talmont

Le premier donjon remplace une église, dont on voit ici les arcs de la nef.
Le premier donjon remplace une église, dont on voit ici les arcs de la nef.

C'est vers 1020 que Talmont accueille un premier château. À cette époque, le duc d'Aquitaine Guillaume le Grand offre le Talmondais à l'un de ses fidèles sujets, Guillaume le Chauve. Autour de cette première motte castrale, un village se développe, avec son abbaye et surtout son port de première importance (l'ensablement de la baie de Talmont a provoqué le déclin du port, remplacé à l'époque moderne par celui des Sables d'Olonne). Le fils et successeur de Guillaume le Chauve, Guillaume le Jeune, jugea sa motte castrale trop faible et fit construire une première forteresse de pierre sur la colline voisine. Le premier donjon s'appuie alors sur le clocher d'une ancienne église.

Cette première enceinte se révèle trop petite pour les ambitieux Princes de Talmont. Au fin du XIIè siècle, la forteresse appartient à Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre. Il l'offre à l'un de ses lieutenants, Raoul III de Mauléon, l'un des plus puissants barons poitevins. C'est le fils de ce dernier, Savary Ier de Mauléon, qui fait du donjon une véritable forteresse. Sénéchal de Poitou, de Saintonge et de Gascogne, Seigneur de Mauléon, de Fontenay, de Talmont, de Pouzauges, de Sigournais et de nombre d'autres places fortes, Savary Ier est sans doute l'un des plus puissants princes vassaux de Richard Cœur de Lion puis du roi de France Louis IX.

Pour améliorer les défenses de Talmont, Savary fait ajouter une nouvelle enceinte, bien plus grande que la première, à laquelle on accède par un pont-levis défendu par le donjon. Celui-ci, jusqu'alors carré, voit l'une de ses façades recouverte par un éperon de pierre de 8m d'épaisseur, afin de limiter les effets des tirs de trébuchets sur les murs. Dans cet éperon sont percées deux chambres de tir avec vue sur le pont-levis. Les entrées du donjon sont renforcées : on entre dans la haute-cour par une unique tour, puissamment fortifiée, avec deux portes en bois avec herses et un assommoir, le tout relié directement au donjon. Un second rempart séparait la basse de la haute cour ; les deux remparts étaient entourées de douves.

Plan du château de Talmont, Claude Masse, 1703. On voit bien l'éperon triangulaire du donjon (à droite) ainsi que les différentes enceintes.

La forteresse talmondaise a connu deux épisodes de destructions. Le premier suit la trahison du seigneur Guillaume de Lezay : en 1138, il tente d'enfermer Louis VII dans le château de Talmont pour en obtenir une rançon, mais il ne parvient qu'à piéger l'avant garde royale et Louis assiège le château. On remarque encore des pierres rougies par l'incendie du donjon. Le deuxième épisode de destructions entre dans le cadre des guerres de religions. Talmont fait partie de ces places fortes que Louis XIII et Richelieu veulent raser pour éviter que les protestants ne s'y réfugient. Le château, abandonné, est racheté par la ville en 1920 et est classé MH depuis 2009. Dans ce cadre, il connaît plusieurs campagnes de fouilles et de restauration, dont l'une doit prendre fin cet été et rendre accessible le dernier étage du donjon.

La forteresse aujourd'hui

A cause de ces destructions, et parce qu'elle a servie de carrière de pierre au XIXè siècle, la forteresse de Talmont est aujourd'hui ruinée. Cependant, elle est loin d'être inintéressante. Les remparts extérieurs sont encore debout sur la presque totalité de leur longueur. Les douves aussi sont toujours là, comme la tour assommoir. Le donjon, à l'origine haut de 30m, est la partie qui a le plus souffert. Ses deux derniers étages ont été détruits, mais les escaliers et passerelles aménagés dans et autour du bâtiment permettent de le parcourir. Le château accueille aujourd'hui de nombreux spectacles l'été, et est animé tous les jours (visites guidées, tir à l'arbalète, jeux pour petits et grands, escape game, etc.).

Les remparts sud du château de Talmont


Les couleurs de Richard Cœur de Lion flottent au sommet du donjon

La visite

La visite de Talmont commence par les douves : l'accueil se situe au pied du donjon, mais il faut longer les remparts pour contourner la forteresse et y entrer par la basse-cour. On franchit alors les murailles et on se retrouve face au gigantisme du donjon. Après avoir traversé la basse-cour et franchi un pont par dessus les douves (comblées) défendant la haute-cour, on arrive au pied du donjon. On remarque au niveau du sol des arcades à l'extérieur de la tour : il s'agit de la tour porche de l'église sur laquelle Guillaume le Jeune a édifié le premier donjon.

Empruntons l'escalier à vis pour rejoindre les étages. Première pièce : l'Oratoire. Lui aussi vestige de l'ancienne église, il servait de chapelle seigneuriale ; on remarquera la hauteur de la voûte en berceau ainsi que les trous de boulins encore présent, témoins des chantiers de construction. Au-dessus se trouve une salle des gardes, dont on remarque les trois grandes fenêtres, comblées par l'éperon ajouté au XIIIè siècle par Savary de Mauléon. Enfin, l'escalier nous mène sur la « terrasse ». En observant les murs qui nous entourent, on prend la mesure des destructions qu'a subi le donjon. On retrouve en effet des ouvertures, correspondant à des fenêtres, ainsi qu'un étage à moitié détruit en cours de restauration (et de fouilles archéologiques). Ces deux derniers niveaux correspondaient aux appartements de la famille du seigneur. Enfin, on atteint le sommet du donjon sur une plate-forme aménagée, et on peut alors contempler le pays talmondais comme si on était sur le chemin de ronde.

La salle des gardes

Descendons par l'escalier accolé au donjon. On arrive dans un couloir défensif, construit lors de l'agrandissement du XIIIè siècle. Ce couloir permettaient aux chevaliers de circuler dans le donjon rapidement, sans avoir à traverser les appartements seigneuriaux. Aussi, les différentes ouvertures, à différentes niveaux, offraient autant de postes de surveillance et de tir en cas de siège. Tout en bas, on rejoint le silo, creusé dans le sol qui rejoint un souterrain (accessible par l'extérieur du donjon) avec un puits. Enfin, on ressort par le narthex, l'entrée de l'ancienne église. Là encore, on retrouve des témoins des changements d'architecture du donjon : trois des quatre murs étaient à l'origine ouvert sur l'extérieur, et l'arc condamné (dont on devine la forme sur le mur) donnait accès à la nef de l'église.


Les dernières traces du logis seigneurial




Une fois sortis du donjon, dirigeons-nous vers la tour assommoir. En la traversant, on se rend compte de la puissance des défenses de la forteresse de Talmont : les emplacements des portes et des herses sont encore bien visibles, et l'immense trou assommoir au-dessus de nous nous fait bien comprendre tout l'intérêt de cet ajout au XIIIè siècle. En ressortant, l'on peut descendre dans un souterrain glaciaire, qui permettait de conserver les aliments au frais. Enfin, on remarquera sur la courtine extérieure les traces de deux fenêtres à meneaux et d'une base de mur, seuls restes d'un logis seigneurial, construit plus tard.









Que faire ensuite ?

La visite de la forteresse des Princes de Talmont vaut le détour. Seul ou en famille, avec un livret de visite ou un guide, on peut participer à des séances de tir à l’arbalète, jouer à des jeux médiévaux, ou simplement découvrir l'histoire du château et son architecture. La visite se complète également par des panneaux explicatifs (en français et anglais, avec des textes courts adaptés aux plus jeunes) présents un peu partout dans le donjon et dans les cours du château.

Pour terminer la journée, quoi de mieux que d'aller profiter des plages vendéennes à seulement quelques minutes de marche ? Si le temps ne le permet pas, le Musée Automobile de Vendée (à 5min en voiture) expose plus de 160 véhicules de 1880 à 1990. L'aquarium de Talmont et le zoo des Sables d'Olonne sont aussi d'excellentes découvertes à faire en famille.

Infos pratiques


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