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Photo du rédacteurClément

Ciste des Cous & dolmens : histoire du Néolithique à Bazoges-en-Pareds

Dernière mise à jour : 25 mars 2020


Le dolmen de Pierre-Folle (premier plan) et la Ciste des Cous (arrière-plan), été 2018

1910, dans un champs à l'ouest du bourg médiéval de Bazoges-en-Pareds. Alphonse Paillat, un paysan à la recherche de pierres pour le remembrement des chemins communaux, fouille un petit tas de calcaire. C'est alors qu'il tombe sur un os, littéralement. Il déblaye encore quelques espaces, et les os se multiplient ! La nouvelle parvient vite aux oreilles de Marcel Baudouin, archéologue vendéen installé à Paris. Avec son acolyte Lucien Rousseau, le scientifique s'empresse d'acquérir le terrain, et les fouilles commencent en 1913. Elles révéleront l'une des plus grandes nécropoles néolithique de la région.


Une grande nécropole néolithique Le site, fouillé de nouveau en 1974-1975 et en 1991 par Roger Jousseaume (CNRS), renferme un tumulus impressionnant : une chambre circulaire d'environ 4,50 mètres de diamètres, entourée d'un premier mur épais de 2,50 mètres, d'un second de la même épaisseur mais plus bas, avec un petit contrefort au sud-est, point le plus bas du terrain. On accède à la chambre par un couloir de 5 mètres de long pour 1 mètre de haut, orienté plein est. Le tout était surmonté d'une voûte en corbeille dont les pierres reposaient en parfait équilibre les unes sur les autres. Un tumulus de terre recouvrait l'ensemble.

À l'intérieur du monument, ce ne sont pas moins de 150 squelettes humains, de tous âges et des deux sexes, qui ont été découverts. Là où certains ossements reposaient en petits tas dans la chambre principale, plusieurs corps ont été exhumés dans le couloir d'entrée. Tout un petit matériel, notamment des outils de pierre et d'os, ainsi qu'une centaine de poteries presque complètes, a également été mis au jour devant et autour du monument.

Reconstitution de la Ciste par Roger Jousseaume

Dès 1913, Marcel Baudouin avait observé au sud de ce monument deux autres tumulus de taille similaire ; les sondages de R. Jousseaume confirmèrent l'hypothèse du Dr. Baudouin : l'un des tumulus se révéla vide, mais le troisième enfermait encore quelques ossements. Trois tumulus, plus de 150 corps, des poteries en grand nombre, tout indiquait une forte présence humaine dans la région, dès le Vè millénaire avant notre ère : les datations des ossements et du monument réalisée par l'équipe de R. Jousseaume donnèrent la date de 4 500 ans avant J-C.

Le nom de « Ciste des Cous » fut donné à ce site par Marcel Baudouin. Le mot de « ciste », qui renvoie à une tombe unique (en grec kystos) est en fait impropre, mais il est resté depuis le classement aux MH du site en 1927. Les Cous est le nom donné au peuple à l'origine de cette construction, qui se distingue par ses poteries et qui semble avoir occupé une partie du centre poitevin aux Vè et IVè millénaire avant notre ère (Bocage vendéen et Gâtine). Aucun village n'a été mis au jour, seul les monuments funéraires témoignent de son passage sur le sol de la région.

Un ensemble de monuments unique

Cet ensemble funéraire est loin d'être la seule trace du choix des hommes du néolithique de s'installer autour de Bazoges. Comme le soulignait l'abbé Fernand Baudry dès 1873,

« les monuments de pierre avaient été échelonnés le long de ce ruisseau [l'Arkanson] qui, prenant sa source à Bouildroux, se jette, après un parcours d'une dizaine de kilomètres, dans le Loing et un peu plus bas dans le Grand Lay. À l'est, le groupe de Pulteau a été détruit, et le dolmen de Pierre-Folles est incliné par suite de mutilation. Environ douze menhirs rangés en ligne, dans la direction de l'ouest, ont disparus depuis moins de cinquante ans […] Le plus avancé, qui est en granit, est toujours debout, près de la métairie des Landes ; il mesure en hauteur 2m92, il est entouré, dans un rayon variant entre 10 et 40 mètres, de quinze monolithes en grès qui gisent maintenant sur la terre. Ce groupe, qui est comme les précédents, conduit à un beau dolmen dressé au sommet du plateau qui s'arrondit aux approches de l'embouchure du Loing dans le Lay. Quand je le visitai pour la première fois en 1834, il y avait à l'est, à toucher son ouverture, des traces visibles d'une ancienne allée couverte qui y donnait entrée. Il ne reste guère maintenant que le dolmen proprement dit, qui porte le nom de Pierre-Levée ».


Le dolmen de Pierre-Levée aujourd'hui, et vers 1900 (carte postale, photographe inconnu)

Les dolmens étaient donc nombreux dans la région bazogeaise. Il en reste aujourd'hui seulement deux : le dolmen de Pierre-Levée, dit des Landes, que mentionne l'abbé Baudry, et celui de Pierre-Folle. Pierre-Levée des Landes ne compte aujourd'hui plus que son dolmen, les menhirs ont disparus, tout comme ceux de Pulteau, de Velaudin ou encore de Pierre-Rousse. Quant à Pierre-Folle, il se situe au pied du tumulus des Cous et est encore debout.

Quand et pourquoi le peuple des Cous a-t-il choisi de s'installer ici ? À la première question, les scientifiques ont répondu : la Ciste des Cous date d'environ 4 500 ans avant J-C, mais recèle de matériaux antérieurs (vers 5 500 av. J-C), et les dolmens angevins de Pierre-Folle et Pierre-Levée sont plus récent d'un millénaire. À la seconde question, on peut essayer de répondre par une petite analyse de la topographie du terrain. Le site des Cous se situe sur un plateau calcaire, extrêmement fertile et propice à l'agriculture. De plus, il est bordé au sur par la rivière de l'Arkanson, et au nord et à l'ouest par celle du Loing, dont le débit important et la largeur offrent une protection naturelle contre les prédateurs. La position est donc idéale : protégée, dotée de ressources naturelles abondantes et accessibles, tout incite à s'installer là.

Vue aérienne de la Ciste des Cous, Google Maps, 2016

Qui était ce peuple des Cous ? On ne sait presque rien de lui, si ce n'est qu'il a occupé longtemps les rives du Loing et qu'il a érigé ces monuments. Il se distingue par ses poteries, retrouvées également dans des dolmens près de Pornic (site des Mousseaux) et en Deux-Sèvres (site de Sainte-Soline). Le peuple des Cous pratiquait certainement le commerce avec ses voisins, et devait être bien organisé : l'érection de tels monuments (la dalle de granit de Pierre-Folle pèse plusieurs dizaines de tonnes) demande le concours d'un grand nombre de personnes et une organisation sans faille. Ses connaissances en astrologie devait aussi être développée, comme pour tous les autres peuples néolithiques : tous les dolmens sont ouverts vers l'est, et les menhirs étaient, selon l'abbé Baudry et Edmond Bocquier, qui ont pu les voir encore debout, tous alignés sur un axe est-ouest.

La Ciste des Cous, dolmen à la forme si particulière, est aussi le plus vieux monument de la Vendée. Mais elle n'est qu'un exemple des monuments néolithiques du département : la région du « Carnac vendéen » autour d'Angles et du Bernard abrite des monuments sublimes qui témoignent du riche passé de la région.

Localisation des sites mégalithiques de Bazoges-en-Pareds

Situation de Bazoges dans le département de la Vendée

Sources :

  • Marcel Baudouin est l'auteur de plus d'une centaine d'articles disponibles en ligne sur Persée

  • Roger Jousseaume, « Le dolmen à couloir dit « La Ciste des Cous », à Bazoges-en-Pareds (Vendée) », partie III de sa thèse sur le Néolithique en Poitou occidental et en Aunis (Paris I Panthéon-Sorbonne) ; ainsi que plusieurs articles sur le dolmen de Pierre-Folles (1994) et la Ciste (1978 et 1994)

  • E. Patte, « Ossements de trois sépultures vendéennes », in Bulletin et mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, 1983, page 229-241

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